Publication

Licence ODbL (Open Database Licence) : traduction et FAQ

À propos de ODbl

L’Open Database License (ODbL) est un contrat licence de base de données favorisant la libre circulation des données. Elle est issue du projet opendatacommons.org de l’Open Knowledge Foundation.
Par souci de compatibilité, seule la version anglaise de la licence doit être utilisée comme texte de référence, la FAQ et la traduction qui suivent n’ont pour seule intention que de lever toute ambiguïté dans l’application des termes de cette licence de référence.

Traduction de la licence

Sa traduction en français est le fruit d’une collaboration entre l’association Veni Vidi Libri et la Mairie de Paris dans le cadre du projet Paris Data.

Foire aux questions (F.A.Q.)

L’Open Database License (ODbL) est une licence libre à réciprocité (aussi dite copyleft, c’est-à-dire imposant le partage des améliorations sous la même licence) spécialement rédigée pour les bases de données. Elle permet à la personne titulaire de droits sur une base de données de partager celle-ci de manière libre et ouverte, tout en s’assurant que les bases dérivées (c’est-à-dire améliorant la base de données d’origine) soient également diffusées selon les mêmes conditions.

La version officielle de la licence est un texte à la fois complexe et soumis à interprétation, du fait de la définition succincte des termes techniques (notamment concernant l’étendue de la réciprocité de la licence), pouvant conduire à des applications différentes selon les acteur·ice·s y ayant recours.

C’est de ce constat qu’est née l’idée de cette FAQ, fruit de la collaboration d’utilisateur·ice·s aguerri·e·s de l’ODbL, dont l’objectif est de proposer des définitions et des interprétations claires, devant permettre à tou·te·s les acteur·ice·s souhaitant placer leurs bases de données sous licence libre à réciprocité de pouvoir s’emparer de l’ODbL, en apportant un surcroît de sécurité juridique.

Nous espérons également que l’harmonisation des différentes interprétations de la licence opérée par cette FAQ encouragera de nouveaux acteurs, publics comme privés, à recourir à l’usage de cette dernière pour la diffusion de leurs bases de données.

1/ Qu’est-ce qu’un·e Concédant·e ?

La/Le Concédant·e désigne la personne qui met à disposition la base de données initiale et cède les droits dont elle dispose sur celle-ci. Par ailleurs, une plateforme de diffusion peut publier des données de plusieurs producteur·ice·s. De ce fait, le terme de « Concédant.e » peut désigner tant la personne qui a produit la base de données, que celle qui la diffuse (voire les deux en présence de bases de données modifiées).

2/ Est-ce que la licence couvre les données à caractère personnel ?

Cette licence ne se substitue pas aux dispositions législatives, elle peut donc être utilisée pour des bases de données qui contiendraient des données à caractère personnel, sous réserve du respect de ces dernières. Chaque ré-utilisateur·ice est responsable au regard de l’usage et des finalités de ses traitements.

3/ La ré-utilisation d’une base de données sous licence ODbL peut-elle donner lieu à la perception d’une redevance par le Concédant (art 3.2) ?

La licence ODbL est une licence internationale. Elle fait donc état de cas d’usage internationaux. Concernant la France, le régime de gratuité par défaut des données publiques est prévu par l’article L324.1 du code des relations entre le public et l’administration, nonobstant quelques cas d’exception encadrés par les articles R324-4-1 et suivants du même code. C’est donc l’article 3.2 alinéa c) qui s’applique.

4/ Je suis ré-utilisateur·ice de la base de données initiale, puis-je faire payer la distribution d’une base de données initiale ou d’une base dérivée ?

Non. Si je suis une personne publique, je ne peux pas faire payer cette distribution.

Oui. Si je ne suis pas une personne publique, alors l’ODbL n’empêche en aucun cas leur commercialisation, néanmoins celle-ci ne peut être directement liée à la revente de la base de données initiale ou de ses enrichissements. D’autres ré-utilisateur·ice·s pourront ultérieurement ré-utiliser et rediffuser la base de données sans contrepartie financière.

5/ Comment mentionner la source (« la paternité ») de la base de données ?

Lorsque vous ré-utilisez une base de données soumise à la licence ODbL, ou une partie de cette base, vous devez mentionner les noms des différent·e·s Concédant·e·s (c’est-à-dire toutes les personnes ayant contribué à ladite base) ainsi que le fait que la base de donnée est soumise à la licence ODbL. Il est possible de créer une page web dédiée « mentions légales » ou « sources des données » référençant la liste des Concédant·e·s avec les liens vers leurs portails open data. La source devra être mentionnée de la façon suivante : « [Nom de la base de données], [Producteur·ice de la base de données], [date], sous licence ODbL. » (par exemple, « Éclairage public – Mairie de Paris, sous licence ODbL »).

6/ Comment assurer le repartage dans les mêmes conditions ? Si j’ai enrichi les données d’une base de données initiale sous licence ODbL avec d’autres données, suis-je obligé de les redistribuer ?

Vous n’êtes obligé de redistribuer la base de données enrichie (base de données initiale à laquelle s’ajoutent vos propres données) qu’à partir du moment où vous en faites une ré-utilisation publique. C’est-à-dire que vous utilisez ces données dans un produit ou un service mis à disposition du public, ou encore que vous distribuez une Création produite grâce à cette base de données.

A contrario, dans le cas d’un usage privé (pour vous) ou privatif (pour un cercle restreint d’utilisateur sur lesquels vous détenez un pouvoir décisionnaire) vous n’avez pas d’obligation de repartage des données enrichies sous les mêmes conditions de licence.

7/ Pourquoi la licence prévoit-elle l’obligation d’effectuer un repartage dans les mêmes conditions ?

Même s’il s’agit d’un usage interne, repartager vos données modifiées, dans la plupart des cas, est pour vous un investissement source d’efficacité et de pérennité. Vous vous donnez ainsi une chance de ne pas être obligé de corriger à nouveau vos données lorsque la base originale sera mise à jour. Abonder la qualité de la base de référence est une bonne pratique pour vous et tout votre écosystème.

8/ Comment effectuer ce repartage dans les mêmes conditions ?

Les données enrichies doivent être rendues disponibles à partir d’un lien ou d’une API (Application Program Interface, façade par laquelle un logiciel offre des services à d’autres logiciels) facilement accessibles depuis le service proposé. Cette mise à disposition doit être immédiate et mise à jour à chaque nouvelle version de la base de données enrichie et au minimum avec la même périodicité que la base de données initiale. Elle doit être gratuite en cas de distribution en ligne ou à un coût raisonnable en cas de distribution physique.

9/ Viralité et propagation

La licence ODbL est souvent dite propageante ou contaminante ou encore « à réciprocité ». C’est-à dire qu’elle s’applique, se généralise à l’ensemble de la base de données enrichie par une base de données soumise à la licence ODbL. Les mots « contamination » ou « propagation » et « viralité » sont communément utilisés pour expliquer les effets des licences de ce type. Il existe d’autres termes comme « héritage » plutôt que « viralité » et « généralisation » pour « contamination ». Néanmoins, nous resterons sur la notion la plus généralement utilisée de « partage dans les mêmes conditions. »

10/ Quelle obligation de réciprocité (“propagation”) pour la licence ?

La licence doit être étendue aux bases de données dérivées. L’enjeu pour les collectivités est donc de savoir jusqu’où elles considèrent que la licence d’un jeu de données en ODbL peut raisonnablement s’étendre au reste de la base de données du réutilisateur. Il est ainsi précisé que pour les collectivités la clause de « partage dans les mêmes conditions » figurant à l’article 4.4 concerne les informations de même nature, de même granularité, de mêmes conditions temporelles et de même emprise géographique.

La thématique est notamment définie en fonction des méta-tags de la base de données. Cela ne concerne que les données qui sont, soit de même nature que les données existantes, soit intimement liées et qui, à ce titre, enrichissent la base de données initiale. Cette extension est subordonnée à deux conditions cumulatives :

  • identité de thème (notamment exprimée à travers les métadonnées c’est-à-dire les « mots clés » de la base de données),
  • et identité de secteur géographique de la base de données initiale.

Exemple 1 : Pour une base de données fictive sur les boulangeries d’une ville dont les mots-clés sont : pain, viennoiseries, pâtisserie, commerce de proximité.

L’utilisation de la base de données initiale des boulangeries entraîne l’extension de l’ODbL à toutes les données relatives aux boulangeries (prix, horaires, etc.) présentes dans le service proposé par le ré-utilisateur pour les données relevant d’une « emprise géographique » équivalente. Il en va de même pour toute donnée se raccrochant aux mots-clés définissant la base de données publique mise à disposition.

Exemple 2 : Pour une base de données des emplacements des stations d’un service de vélo-partagé sur le territoire d’une ville dont les mots-clés sont : vélo, station, borne, piste, mode doux, location.

L’utilisation des données de la base de données initiale des stations de vélos partagés entraîne le passage sous ODbL de toute donnée relatives à des services de vélo partagés sur le territoire concerné.

Cette obligation de réciprocité doit être vue comme un cadre minimal de diffusion des données : les données initialement non ODbL peuvent toujours parallèlement être « licenciées » sous d’autres termes par leur producteur originel.

11/ Quelles sont les règles d’extension de la licence et le rôle de l’emprise géographique ?

Prenons pour exemple une base de données dérivée construite par le croisement d’une base de données A sous ODbL et d’une base de données B sous Licence Ouverte. L’extension de la licence est toujours descendante, c’est-à-dire qu’elle se fait depuis la base de données A vers la base de données dérivée. Elle ne s’étend pas à l’autre base de données utilisée.

Dans le cas où l’emprise géographique de la base de données A est plus petite que celle de la base de données B (soit territoire A < territoire B), seules les données de la base de données dérivée correspondant à l’emprise géographique de la base initiale A passent sous licence ODbL.

Cas concret : Les horaires de bus de l’opérateur de transport de Toulouse (Base de données A sous licence ODbL) sont croisés avec les horaires de bus interurbain publiés par le Conseil Départemental 31 (Base de données B)́

Évidemment, certains points de départ ou d’arrivée situés à Toulouse se superposent. Pour la base de données dérivée, seuls les horaires des bus circulant dans le périmètre de la base de données A passent en ODbĹ

12 / Quel est le droit applicable et la juridiction compétente ?

En cas de litige, les tribunaux compétents et le droit applicable sont ceux dans le ressort desquels la/leConcédant·e a son siège ou son domicile. C’est-à-dire que pour un·e Concédant·e basé·e en France, une base de données sous licence ODbL est soumise au droit français.

  • Lorsqu’il s’agit d’une administration, la juridiction compétente est le tribunal administratif
  • Lorsqu’il s’agit d’une entreprise (personne morale) basée en France, la juridiction compétente est le tribunal de commerce.
  • Lorsqu’il s’agit d’un citoyen basé en France, la juridiction compétente est le tribunal d’instance.

13/ Puis-je distribuer les données d’une de vos bases de données initiales ou d’une base de données dérivée sous une autre licence ?

Vous ne pouvez pas changer la licence (article 4.8), sauf pour utiliser une version ultérieure ou compatible de la licence (article 4.4). En revanche, nous distinguons les données du produit ou service utilisant ces données dans la mesure où le produit ou le service constitue une création produite.

14/ Que se passe-t-il en présence de deux licences aux termes incompatibles ?

Lorsque deux bases de données sont soumises à des termes contradictoires (par exemple si l’une impose le repartage du tout et l’autre l’interdit ; ou les deux imposant l’utilisation de leurs termes sur leurs uniques termes), il peut être impossible de les combiner si l’une au moins des licences ne contient pas une clause expresse de compatibilité au bénéfice de l’autre.

À cet égard, il est très important de lire chacune des licences et de veiller à les respecter toutes, au risque sinon d’engager votre responsabilité. La licence ODbL est par principe incompatible avec la majorité des autres licences à réciprocité (telle que la CC By-SA 4.0), sauf mention expresse du/de la Concédant·e, et totalement incompatible avec les licences qui ne sont pas conformes à la définition de l’Open Data. Elle est en revanche parfaitement compatible avec la Licence Ouverte (version 1 et 2).

15/ Puis-je utiliser les données d’une de vos bases de données initiales pour vérifier la véracité de mes propres données sans avoir ensuite à placer les données sous licence ODbL ?

Vous pouvez comparer les jeux de données, mais vous ne pouvez pas mettre à jour de façon automatique vos données, à moins que vous ne placiez votre base de données sous licence ODbL.