Image de présentation du webinaire de so Deep Tech pour la valorisation des logiciels open source issus de la recherche

Valorisation des logiciels Open Source issus de la recherche : quelles spécificités ? Retour de la table ronde So Deep Tech

Le 6 juillet 2023, le pôle de compétitivité Systematic a organisé la table ronde « Valorisation des logiciels de la recherche par l’Open Source, positionnement et trajectoires ».

Cette heure d’échanges, modérée par Célya Gruson-Daniel (inno³), a permis de regrouper des intervenants et intervenantes aux profils variés pour présenter leurs retours d’expérience et leurs perspectives sur le sujet. Au cœur de la valorisation des logiciels de la recherche Open Source, la prise en considération des communautés et des outils pour les soutenir a été largement discuté.

Dans le cadre du Festival So Deep Tech, Systematic a proposé à inno³ d’animer une table ronde sur la valorisation des logiciels Open Source de la recherche. Cet évènement traite d’un sujet clef des missions de recherche, de conseil et de formation du cabinet.

Tour d’horizon des enjeux de valorisation : communauté, modèles économiques, soutenabilité

La table ronde a été élaborée par Célya Gruson-Daniel, au côté de Florence Blazy (Hub Open Source). L’objectif était de regrouper des profils variés pour croiser les regards portés sur la valorisation et dessiner des spécificités communes au champ de la recherche et de l’Open Source.

Cette table ronde réunissait des chercheur.se.s impliquées dans l’Open Source/hardware et la science ouverte, une chargée de valorisation et un entrepreneur engagé dans le développement et la maintenance de logiciel Open Source de calcul scientifique.

Zoom sur les intervenants et intervenantes

Sylvain Corlay

Camille Maumet

Jeanne Robineau

  • Chargée de valorisation de la recherche à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement)

Luiz Villa

  • Enseignant au département de Génie Electrique et Informatique Industrielle à l’IUT Toulouse,
  • Chercheur au laboratoire LAAS-CNRS sur la thématique de gestion de l’énergie
  • Co-fondateur de la start-up et fondation Owntech.

Trois tours de questions ont été proposés pour discuter sur :

  1. les retours d’expérience de chacune et chacun sur leurs pratiques de la valorisation dans leurs projets,
  2. leurs expériences de pratiques collaboratives et de gestion de communautés,
  3. leurs connaissances des structures et modèles nécessaires à la soutenabilité de projets Open Source.

Les points saillants relevés lors de la table ronde

Les interventions des invité.e.s étaient riches par leurs diverses expériences. Voici quelques points majeurs discutés pendant cette table ronde :

L’Open Source dans la recherche et son lien avec la science ouverte

  • En recherche, l’Open Source se présente comme un élément essentiel pour accéder au code source et ainsi garantir une reproductibilité des travaux de recherche. Il s’agit d’un axe majeur des politiques publiques de science ouverte, renforcé depuis le Deuxième Plan National de la science ouverte (PNSO2) ;
  • Ceci induit un bouleversement dans les pratiques de recherche et une restructuration des services de valorisation. L’Open Source amène au sein de ces services de nombreux questionnements quant aux critères et indicateurs d’évaluation et d’impact à considérer.

L’importance de la communauté

  • La valeur du logiciel Open Source n’est pas seulement dans l’objet, mais aussi dans la communauté qu’il s’agit d’écouter pour améliorer l’outil et ses fonctionnalités ;
  • Nous devons susciter un maximum d’adhésion, et ainsi favoriser la collaboration. Au côté du proof of concept, du proof of market, une proof of community est essentielle ;
  • Un élément de succès est la capacité de développer une communauté accueillante pour tout le monde à l’image des processus mis en œuvre dans les milieux anglo-saxons ;
  • L’Open Source est un moyen de faire tomber des murs et permettre une mutualisation entre différents acteurs (« multi stakeholders »), qu’ils soient académiques ou industriels.

Des difficultés pour intégrer une communauté, l’animer et l’agrandir

  • Lorsqu’un projet est très avancé, de plus en plus sophistiqué, cela devient compliqué d’entrer dans le projet et d’y faire une contribution significative, ce qui peut induire un besoin de professionnalisation du développement ;
  • Cela pose aussi la question de qui peut participer au projet ? Qui en a les compétences ?
  • Une hétérogénéité de la communauté peut être compliquée à gérer notamment concernant la confiance portée aux différentes contributions ;
  • L’hétérogénéité induit aussi des pratiques variées en termes de communication, de méthodologies de travail ;
  • Le temps des personnes dans la communauté n’est pas illimité tout comme les financements, d’où le besoin d’une gouvernance claire et d’une animation continue pour la garder active et d’une réflexion sur ses évolutions possibles.

Un modèle de gouvernance à établir

  • Suivant les profils, les modèles de gouvernance choisis peuvent être différents et plus ou moins ouverts (présence de comités, mise en place d’un système d’élections et d’un quorum, etc.) ;
  • La gouvernance permet de gérer les désaccords de points de vue du fait de l’hétérogénéité de la communauté, tout en n’empêchant pas le travail en commun ;
  • La création d’un modèle économique permet de faire fructifier la communauté et de faire le choix de mettre en avant des thématiques peu financées (par exemple, l’accessibilité) ;
  • La mise en place d’une gouvernance et d’une structuration juridique associée est importante pour éviter un essoufflement de la communauté.

Un besoin de formation

  • Le sujet de la propriété intellectuelle et des licences reste une thématique peu connue. Les licences sont souvent choisies en suivant l’exemple d’autres projets, ce qui peut amener à des choix peu pertinents ;
  • Un besoin de formation est nécessaire aussi bien pour les personnes portant les projets que pour les juristes au sein des services de valorisation ;
  • Dès le niveau master, une formation sur les problématiques de la science ouverte et de l’Open Source permettrait de démystifier certains clichés (qualité médiocre de l’Open Source, unique modèle de valorisation, etc.).

Ces échanges sur une période d’une heure n’ont permis que d’effleurer certains sujets. Les dynamiques actuelles au sein des services de valorisation, la présence du collège « code source et logiciels » ou encore le « hub Open Source » sont tout autant d’espace d’échanges pour contribuer à une valorisation plus fluide et mieux comprise des logiciels Open Source issus de la recherche.