Intervention de Benjamin lors de la journée Wikimédia 2022

Journée Wikimédia 2022, Culture et Numérique : édition spéciale Open Content

Nous étions le 26 avril dernier à la Journée Wikimédia 2022 au sein de l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA).

Cet événement a été réalisé en étroite collaboration entre Wikimédia France (avec une spéciale dédicace à Xavier Cailleau), CLIC France et les Archives Nationales de France.

Ce rassemblement invitait une majorité d’institutions culturelles à venir découvrir la réalité de l’Open Content en France, et les enjeux sous-jacents qui l’accompagne.

Réalisée près de 10 ans après la première journée Open GLAM (les 14 et 15 décembre 2012), cet événement a été l’occasion pour Benjamin Jean (Inno³) d’intervenir aux côtés d’Emmanuel Rivat (Agence Phare) et de Martine Denoyelle (INHA) lors d’une table ronde sur Les principaux enseignements de l’Open Content.

Une rencontre en faveur de l’Open Content

Cette journée était l’occasion pour Xavier Cailleau et Emmanuel Rivat de réaliser la présentation officielle du rapport sur l’Open Content dans les institutions culturelles en France : état des lieux des pratiques numériques et d’ouverture de contenus. Réalisé entre mars et octobre 2021, ce travail dresse l’état des lieux des pratiques numériques et d’ouverture de contenus réalisées ces dernières années en France.

Dans un contexte complexe, avec d’une part l’engagement progressif de certaines institutions pour de bonnes pratiques de mise en ligne à disposition du public de contenus culturels, mais une méconnaissance des outils pour d’autres, ce rapport clarifie la nature des freins et des leviers présents en France.

Malgré une expansion des pratiques dites “ouvertes” de diffusion et d’accès à la culture, les initiatives d’Open Content restent trop peu soutenues et/ou outillées.

Une opinion publique fragile

À ce titre, le terme d’Open Content ne revêt pas une seule et même stricte définition universelle. Un consensus est néanmoins admis sur la nécessité de promouvoir un libre accès au contenu intéressant le public, notamment pour la promotion et diffusion de la culture. Les données culturelles restent et incarnent un domaine “sensible”, encore un cran en retard en matière de propagation et de mise à disposition au public. Beaucoup considèrent l’image comme une chose relevant du “sacré”, ne pouvant être licenciée comme une chose commune. Et pourtant, les réflexions engagées ont souligné la plus-value croissante que peut apporter l’ouverture des données culturelles, tant pour l’éducation, la formation, que l’expansion du patrimoine historique.

L’ensemble des intervenants s’accordent à dénoncer une forme de méfiance contradictoire s’agissant de l’Open Content. Beaucoup d’institutions continuent de penser que placer l’art en Open Access reviendrait à faire perdre à la donnée sa valeur qualitative et marchande. Si par sa nature l’image incarne une donnée culturelle, elle ne semble dans la pratique ne pas subir le même traitement qu’une donnée quelconque. La publication des données d’art à grande échelle semble encore largement effrayer. Pourtant, l’émergence de nouvelles pratiques numériques au service de la promotion de l’art et de la culture soulignent l’importance des communautés en ligne ou encore la diffusion à grande échelle, pour permettre une meilleure connaissance et appropriation des données culturelles.

L’ouverture des données culturelles

Benjamin Jean lors de la première table ronde, a discuté sur le rapprochement entre les constats actuels et les préconisations du rapport du groupe de travail “Open GLAM” de 2012 portant sur les recommandations pour l’ouverture des données et des contenus culturels.

Sans bénéficier de l’engouement politique que connaît aujourd’hui l’Open Data, ce rapport cherchait à démontrer l’intérêt d’ouvrir les données culturelles, dans une perspective de dissémination voire de préservation de la culture française. À l’époque, une certaine résistance était présente en matière d’ouverture des données culturelles. Le rapport cherchait alors à apporter des clefs de compréhension et d’adhésion telles que :

Le droit positif ayant bien évolué, et les (bonnes) pratiques étant de plus en plus partagées au sein des établissements culturels, Benjamin Jean a ainsi partagé l’idée que le sens de l’histoire s’orientait vers un véritable Open Data des données culturelles. Cela est d’autant plus positif que l’ouverture des données culturelles semble être une condition nécessaire au rayonnement de la culture française dans un contexte numérique international.

Il était question également pour Emmanuel Rivat (Agence Phare), de rappeler les enjeux juridiques sous-jacents et le contexte culturel et politique mouvent et ambivalent en la matière. Il s’agissait de comprendre l’historicité des controverses et débats autour de l’Open Content en France depuis les années 2000.

Martine Denoyelle (l’INHA) a quant à elle insisté sur la complexité juridique en France autour de ces questions (un sujet non traité dans le rapport Wikimédia). Il est rappelé que les explications sur les régimes juridiques et la législation ont à cet effet déjà été explicitées par le rapport “Droits des images, histoire de l’art et société” de l’INHA de 2018. La réalisation d’un état des lieux et de préconisations des différents enjeux et aspects fonctionnels, permettent de tendre in fine vers une évolution qui pourra être majeure pour la politique culturelle nationale.

Les perspectives pour l’avenir

Dans un second temps, la table ronde suivante a permis aux différentes parties prenantes de présenter les bonnes pratiques, ainsi que les usages existants et perspectives sur le sujet.

À ce titre, le Musée de Bretagne (représenté par Manon Six) met notamment à disposition des usagers des images relevant du “domaine public” en haute résolution, à télécharger et à utiliser, et ce sans restriction. Il s’agit en réalité d’un acteur public pionnier du libre accès des collections de musées français.

Par la même occasion, Wikimédia France a présenté deux projets en diffusion libre :

  1. Le label Culture Libre (prévu pour octobre 2022) : pour promouvoir des collections d’œuvres libres d’utilisation sous licence Creative Commons (CC-BY-SA-2.0) ;
  2. L’observatoire de l’Open Content : pour analyser les pratiques et la mise en réseau des acteurs pour permettre une transmission du savoir.

Conclusions

Mettre en place des solutions en faveur de l’Open Content permet de favoriser l’usage de la culture, pour faciliter à long terme, l’appropriation de la culture par le public. Cette journée était l’aboutissement de diverses itérations sur la manière d’envisager l’ouverture des données culturelles et les outils existants intervenant dans le sens de cette démarche. Les différents retours d’expérience, tant en France qu’à l’étranger, soulignent que l’Open Access au service de l’art conduit à une meilleure visibilité et conservation des œuvres d’art par la communauté.

Ce billet est basé sur les notes prises lors de l’événement, rédigé, édité puis relu collectivement par plusieurs membres de l’équipe d’inno³ : Romane Leban-Mathieu, Benjamin Jean et Maya Anderson-Gonzalez.