Images de différents plats

La foodtech, nouveau terrain de prédilection de l’Open Innovation

Depuis quelques années, le secteur alimentaire voit se développer de plus en plus d’initiatives Open Source ou Open Data, qui ambitionnent toutes de remettre le consommateur au cœur du circuit alimentaire.

L’Open Data : vers une meilleure information du consommateur

Dans un premier temps, cette démarche passe par une meilleure information du consommateur quant aux produits qu’il consomme.

Pour ce faire, il existe plusieurs projets visant à répertorier, de façon ouverte et contributive, les informations nutritionnelles figurant sur les emballages des produits. C’est le cas de Food Repo, une initiative née en Suisse qui procède à l’alimentation d’une base de données ouverte à tous. Les informations figurant sur les emballages des produits sont collectées soit par des bénévoles – en partenariat avec les distributeurs – soit directement par la communauté des utilisateurs, qui les communiquent ensuite via l’application Food Repo pour smartphone ou la section communautaire du site.

La spécificité de Food Repo est que la base de données n’est pas librement accessible et modifiable de façon directe : le passage par une API (Application Program Interface) – sous licence CC-BY 4.0 – est nécessaire pour accéder et utiliser le contenu de la base de données ; tandis que les modifications sont toujours le fait de l’équipe bénévole de Food Repo, sur la base des informations transmises par la communauté d’utilisateurs.

CC-BY-SA Open Food Facts

Toujours dans l’optique de fournir la meilleure information possible au consommateur via l’Open Data, l’initiative française Open Food Facts se distingue de Food Repo par le niveau d’informations fournies. Si l’idée primaire est la même – la collecte et la mise à disposition libre et gratuite des informations nutritionnelles – Open Food Facts complète ces données par des informations supplémentaires tels que les éventuels labels et le NutriScore du produit.

Par ailleurs, Open Food Facts adopte pleinement les modèles ouverts pour favoriser la réutilisation des données. La base de données dans son ensemble est placée sous Open Database Licence (OdbL 1.0), les données qu’elle contient sont individuellement accessibles selon les termes de la Database Contents Licence (DbCL), et les photos d’illustrations sont disponibles sous licence CC-BY-SA. Cela signifie que la base de données dans son ensemble, comme chacun des éléments qui la composent pris individuellement, sont librement accessible et réutilisables, et que les productions dérivées devront être rendues accessibles et réutilisables dans les mêmes conditions (clause copyleft).

Dans les deux cas, l’initiative est intéressante en ce qu’elle permet de redevenir acteur de sa consommation grâce à la mise à disposition d’informations déterminantes de manière ouverte et accessible ; mais également parce que le mode d’enrichissement contributif de la base de données conduit à ne pas se comporter en simple consommateur des informations communiquées, mais également en contributeur à celle-ci.

Food Repo et Open Food Facts démontrent donc ainsi le potentiel d’empowerment par les modèles ouverts, tant comme finalité d’un projet que comme vecteur de celui-ci.

Enfin, le rôle de l’Open Data ne s’arrête pas une fois les produits dans la cuisine du consommateur. En effet, le projet Data Cuisine se propose de mélanger Open Data, visualisation  et cuisine afin de susciter une prise de conscience de différents phénomènes par le consommateur.
L’idée est d’avoir recours à une recette de cuisine plutôt qu’à un graphique pour illustrer un propos fondé sur de la donnée ouverte donnant ainsi naissance à un « data dish» à l’image de ce Dip ‘n’ plug.

CC-BY Eva

L’empowerment du consommateur grâce à des solutions Open Source

Mais l’information n’est pas le seul moyen de permettre au consommateur de repenser sa façon de consommer.
Par exemple, la plateforme Open Food France, branche française de l’Open Food Network, se présente comme « une marketplace permettant de connecter producteurs et consommateurs via des Hubs, c’est-à-dire des points de distribution. Ces derniers se présentent sous différentes formes : groupement d’achat, AMAP, paniers, vente directe, vente avec livraison à domicile, retrait sur un marché, etc. Grâce à ces Hubs, les utilisateurs de la plateforme peuvent notamment manager leur catalogue de produits ainsi que celui de leurs fournisseurs et partenaires, créer des cycles de vente ou encore obtenir des rapports de vente ».

CC-BY-SA Open Food France

Dans les faits, Open Food France se base sur le logiciel de plateforme développé par Open Food Network et accessible sur GitHub sous licence AGPL 3.0, et les données qui viennent alimenter ce logiciel sont également sous licence libre CC BY-SA 3.0.
Ici aussi, l’intérêt majeur de cette démarche fondée sur des modèles ouverts e est de redonner le pouvoir au consommateur, qui est laissé libre d’organiser son interface avec la plateforme afin qu’elle devienne véritablement sienne.

Dans une logique d’innovation ouverte et partagée, le Data Food Consortium développe des standards d’interopérabilité entre les différents acteurs de la foodtech. L’enjeu est notamment de faciliter la communication entre les différents acteurs de plateformes comme celle d’Open Food France.

Le processus doit mener à la création d’une API qui jouera le rôle de connecteur entre les différents acteurs afin de permettre aux données de circuler librement et efficacement entre eux, et ainsi de simplifier la gestion des circuits de distribution pour toutes les parties prenantes.
L’adoption des modèles ouverts par ces acteurs les invite naturellement à mettre en place des gouvernances adaptées : ouvertes, transparentes, inclusives, facilitant les échanges et la communication entre les différentes parties-prenantes, de sorte que ceux-ci ne sont plus seulement l’objectif du projet, mais également un de ses fondements.

Ainsi, le secteur de la foodtech, que ce soit via des données ouvertes ou des logiciels libres, traduisant ainsi le fort dynamisme et le potentiel d’innovation du secteur ; que nous ne manquerons pas de traiter dans la rubrique « Food » d’Open by Design, notamment en revenant de manière plus approfondie sur les différentes initiatives présentées dans ce billet.